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ANTÉE

Le ciel est pâle et la fontaine
n’a pas tous mes pleurs sous son front.

...Tes grisailleries de fin d’automne dans les hêtraies

avant l’aube se cristallisent
Les étoiles de feu.

Et pas un arbre n’a de l’ombre
Quand vient midi

Rameaux enchevêtrés et tachetés de feuilles
Aux harpes molles du printemps.


Ces quelques notes du chalumeau, fraîches comme la pluie, ne parviennent encore à faire connaître que des tableaux d’une précision et d’une poésie qu’on aurait pu croire inconciliables, mais ce que la petite œuvre seule peut dire, c’est sa sensibilité mélancolique, et la sorte de charme affectueux qui s’en dégage pour les êtres dont les sentiments ressemblent à ceux du poète. Je n’y ai pas reconnu en effet cet égoïsme desséchant que nos jeunes gens affectent de porter comme un de ces faux cols qui forcent à lever la tête à la hauteur de la situation, mais plein d’une joie tendre j’y ai découvert de vraies larmes dissimulées par un sourire. Il n’y a pas là non plus cette affectation