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DUPONT ET DURAND
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Durand. — Ces transports, hélas, pour moi ne sont plus de saison.
Dupont. — Reprenons notre entretien sur un plus docte ton, ainsi qu’il convient à des hommes de notre âge.
Durand. — Vous disiez, ô mon cher Dupont, pouvoir dissiper ce que cette maxime avait pour moi d’obscur : “ La condition de l’Art, c’est l’actualité. ”
Dupont. — Plus je considère en effet et plus il m’apparaît avec évidence qu’il ne peut s’agir que de la pensée de quelque directeur de grand quotidien. Il aura prétendu que l’art consiste à savoir accommoder les évènements récents et à les présenter de telle sorte qu’ils frappent au plus haut point les esprits du lecteur. L’Art, ainsi que le proclamait si justement Buffon dans une phrase que ne méditeront jamais assez les étourdis attirés comme des insectes nocturnes par l’éclat factice des beaux mots... et des phrases vides...
Durand. — De grâce, demeurez calme, ô Dupont, et reprenez haleine.
Dupont. — Merci, mon cher Durand... L’Art, ainsi que le proclamait si bien Buffon, est une affaire de manchettes !
Durand. — Je comprends ! je comprends !