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LES IDES ET LES KALENDES
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avec plus d’équité les bamboulas guerrières des Tasmaniens et des Papous ; on rend justice à Paul de Kock avec ses parties d’ânes et ses jeux inno­cents. On admire le loto cher aux vieilles demoi­selles, dans les sous-préfectures où les chiens eux-mêmes ont l’air, comme dit Henri Heine, de solliciter du passant un coup de pied au derrière, afin de se désennuyer un peu. Tout cela comme passe-temps, ne vaut-il pas mieux que les distractions de l’ “ élite ” qui va respirer à Longchamps la bonne odeur du crottin, le suint des alcôves publiques, l’haleine des philosophes occupés à leurs travaux ?

Un ciel trop doux, un ciel bleu mort, couleur de delft ou de turquoise malade, sous un voile de crêpe blanc qui se déploie et s’étire comme l’impalpable vapeur des tabacs opiacés. L’âcre senteur des feuilles et des mousses, l’humide exhalaison des sous bois envahit peu à peu les jardins où le râteau du balayeur est impuis­sant à rendre nettes les allées ; sur les pelouses, vertes encore, pleuvent en dorure les cœurs du tilleul d’un jaune délicat, les trèfles roux