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LES IDES ET LES KALENDES
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“ Nous autres — confessait-il avec abandon — nous avons beaucoup trop fait pour acclimater en France Richard Wagner. Il nous doit le meilleur de sa gloire. Mais il convient dorénavant de l’abandonner à ses propres ressources et de travailler autrement que lui. ”

Les drames de Monsieur Henri Bataille (très appréciés par les dessinateurs, lorsque les dramaturges font le plus grand état de ses croquis) appartiennent pour la plupart à ce théâtre pathologique où Monsieur Brieux moissonna tant de lauriers. Il ne s’agit plus ici de la conversion de Pauline ou de la vengeance de Don Diègue ; il n’est plus question de porter la race de David au trône de ses pères ou d’offrir une hostie humaine aux flammes incestueuses qui consument la fille de Pasiphaé. La tragédie acquiert d’autres ressorts. Elle inspecte, avec Sganarelle ou Sangrado, les tétons des nourrices ; elle développe, au troisième acte, l’induration du chancre signalé dès le pre­mier. Sera-t-il huntérien ? ne le sera-t-il pas ? To be or not to be, murmure l’Hamlet pharmaceutique préposé à la conférence qui ne chôme jamais dans ces actes médicinaux. Bataille s’est fait une spécialité gracieuse des contages exceptionnels, de la transfusion du sang, du goût qu’ont les dames