Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/596

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
580
ANTÉE

d’aile, vient s’abattre au milieu des officiants, comme le pivert d’Ælius Tubero sur les rostres du Forum.

Delarue est vivant, vivant et défroqué. On le rencontre à Bruxelles. Il gobe, chez Desmet, les huîtres de Zélande, les moules grasses couleur d’or ; il boit du liebfraumileb au Zum Reingau ; il mange, dans les tavernes du boulevard Anspach, ce lièvre à la compote de pommes dont s’honorent les automnes brabançons. Delarue est vivant. Déjà, le sénateur Picard ambitionne de le présenter, au Kursaal d’Ostende, lui décernant un numéro sensationnel entre Liane de Pougy et l’évêque de Tarentaise. Il rêve de l’arracher au centre de Mademoiselle Formont, pour, l’été prochain, le produire dans son “ centre d’art ” à lui. Cela fera toujours autant de recette que Monseigneur Lacroix !

Le classique pavé dans la mare aux grenouilles ne déchaîne pas plus de cris, de fureurs, de brékékékex épileptiques, de coax imprécatoires que ce modeste fait divers, parmi les hommes en surplis. Tout à l’heure, ils s’apitoyaient sur le cher disparu, sur l’homme emporté dans le matin de sa jeunesse par une fin non moins étrange que prématurée : et cecidit flos ! Maintenant, ils ne