Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/592

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
576


  

L’APPARITION.



Elles descendent deux par deux
de la colline fleurie,
leurs tresses dénouées s’emmêlent,
elles sont blondes comme le soleil.
Regarde-les radieuses de bonheur,
la théorie des jeunes filles
suit la route de mes songes bleus.
Elles portent des violes,
elles portent des lis et des roses,
leurs mains frôlent de chastes épaules,
le sourire de leurs lèvres a la douceur des baisers.
Elles sont belles et printanières et voilées
de la matinée lumineuse.
Le chant de l’alouette au murmure des bois
se fiance,
une musique fraîche et limpide
éternise des minutes d’extase,
les jeunes filles dansent
et la gaze ondoie
selon la rythmie des gestes d’amour.
Les baigneurs éblouis cessent leurs ébats,
ils sortent de l’eau pour voir passer les vierges,
et celles-ci, les yeux au ciel,
n’aperçoivent pas les corps mâles et forts
des éphèbes nus.

Armand Eggermont.