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SOUS LA COLLINE
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ton, l’Abbé s’en alla à petits pas souhaiter le bon­jour à Hélène. Il la trouva, habillée d’une robe de fine mousseline blanche, se promenant dans l’allée et cueillant des fleurs pour la table du déjeuner. Il lui donna un petit baiser dans le cou.

“Je vais nourrir Adolphe,” fit-elle, en montrant un petit sac de babas suspendu à son bras. Adolphe était son unicorne favori. “Il est si gentil, continua-t-elle, tout blanc comme du lait, sauf son nez, sa bouche et ses naseaux. Par ici.”

L’unicorne avait un palais très gentil pour lui tout seul, fait de feuillage vert et de barreaux d’or, un home très convenable pour un animal aussi délicat et faible. Ah, c’était splendide, d’attendre l’animal blanc, errant dans sa cage artistique, fier et beau, ne connaissant pas son égal, et n’approchant d’autre main que celle de la reine elle-même. Comme Fanfreluche et Hélène arrivaient, Adolphe se prit à se cabrer et à faire des sauts, frappant de ses sabots d’ivoire la tourbe molle et laissant flotter sa queue comme un gonfanon. Hélène ouvrit le loquet et entra.

“Tu ne dois pas entrer avec moi, Adolphe est si jaloux”, dit-elle en se tournant vers l’Abbé qui la suivait, “mais tu peux te tenir dehors et regarder. Adolphe aime le public.” Puis, elle brisa de ses