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SOUS LA COLLINE
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vase même du Rhin et être aussi vieux qu’elle, l’abominable et primitive gaieté de la musique qui suit le récit et les mouvements des Filles du Rhin, les sons noirs et haïssables d’Albéric faisant la cour, et la mélodie fluide du fleuve légendaire.

Mais, ce matin-là, ce fut le troisième tableau qu’il applaudit le plus, la scène où Loge, tel un Scapin primitif et flamboyant, expérimente son art sur Albéric. Le tintement fiévreux et insistant des marteaux dans la forge, le staccato sec et sans repos de Mime, l’incessant va-et-vient des Nibelungen, poussés ça et là comme un troupeau de moutons terrifiés et infernaux, la sauvage activité et les métamorphoses d’Albéric, et les mouvements rapides de Loge, dont les langues de feu flamboyaient, formaient le tableau le moins reposant, le plus troublant et le plus inquiétant de tous les opéras du monde. Comme l’Abbé se réjouit de la poésie extravagante et monstrueuse, du mélodrame animé, de la splendide agitation de tout cela !

À onze heures Fanfreluche se leva et laissa choir son élégante robe de nuit.

La salle de bains était la plus vaste et peut-être la plus belle pièce de son appartement splendide. La bien connue gravure de Lorette qui