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SOUS LA COLLINE
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bles et grandes femmes, pareilles à des oiseaux, se confondant dans quelque chambre rococo mystérieusement éclairée par la vacillation d’un feu mouvant qui jette de grandes ombres sur le mur et le plafond.


“ Les sylvains, envieux et fort effrayés par l’arrivée de la compagnie mondaine, se mirent à examiner nerveu­sement ces âmes subtiles à travers les branches des arbres, et un ou deux faunes et un berger sortirent avec circonspection. Sporion, ainsi que toutes les dames et les seigneurs, entonnèrent des chants séduisants et avec la meilleure grâce du monde invitèrent les rustiques à s’avancer et se joindre à eux. Ils vinrent par petits groupes, leurrés par les regards étranges, par les parfums et les drogues et par les costumes brillants et quelques-uns s’aventurèrent plus loin promenant timidement leurs doigts sur le tissu délicieux des étoffes. Puis Sporion, comme chacun de ses amis, prit par la main un satyre ou une bergère, ou quelque autre créature et fit les pas préliminaires d’une danse courtoise pour laquelle on avait imaginé les plus admirables combinaisons et écrit la plus charmante musique. La gent pastorale fut complètement ravie par la vue de mouvements aussi modérés et gracieux, et fit les efforts les plus grotesques et futiles pour les imiter. Dio mio, quel spectacle amusant ! De plus un charmant effet fut produit par le mélange des bas en chevreau et des jambes velues, des riches vêtements de brocart et des