Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/581

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOUS LA COLLINE
565

sur les gravures suspendues aux murs rayés de rose. Entre les cadres délicatement sculptés vivaient les créatures gracieuses et corrompues de Dorat et de son école, enfants graciles avec masque et domino souriant horriblement, viveurs étranges,


la bénédiction finale, toute la troupe des adorateurs fit une sortie si compliquée et élégante que l’on fut unanime­ment d’accord : jamais encore Titurel n’avait fait preuve d’une aussi fine invention.

“ A peine la scène fut-elle vidée, que Sporion entra, suivi d’une foule brillante de dandys et de femmes pimpantes. Sporion était un jeune homme svelte, gracieux et dépravé, légèrement courbé, à la démarche incertaine ; il avait une face ovale impassible dont la peau olive était tendue sur les os, de fortes lèvres écarlates, de longs yeux japonais et un grand toupet doré. À ses épaules était suspendu un manteau en satin saumon, au collet très élevé, et dont les longs rubans noirs étaient déliés et flottaient autour du corps. Son habit en mousseline tachetée de vert de mer, était pris à la taille par une ceinture écarlate dont les bords étaient dentelés, et dépassait les hanches de six pouces. Son pantalon ample et plissé tombait jusqu’au bas du mollet, il était de brocart sur les côtés et magnifiquement ruché aux chevilles. Les bas, dont les orteils étaient découpés étaient de chevreau blanc et de délicates sandales rouges s’y attachaient par des courroies. Mais ce qu’il y avait de plus séduisant, c’étaient