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ANTÉE

Au “ Stabat Mater ” de Rossini (ce charmant et démodé morceau de décadence, dont la musique a un charme semblable au duvet sur un fruit en cire).

À l’amour, et à cent autre choses.

Puis, les yeux mi-clos, il promena ses regards


levé, ainsi que le prince dans la Belle au Bois dormant, réveilla avec ses lèvres toute la terre.

“ En cet espace doré la rosée de la nuit monta splendi­dement, les arbres furent secoués dans leurs rêves obscurs, le sommeil des oiseaux fut interrompu et toutes les fleurs de la vallée se réjouissaient, oubliant leur crainte de l’obscurité.

“ Soudain, au son de flûtes et de cors, un groupe de satyres sortit des retraites de la forêt, portant des noix et des branches vertes et des fleurs et des racines et tout ce que donne la forêt, pour l’entasser sur l’autel de Pan qui était au milieu de la scène ; et des collines descendirent les bergers et les bergères menant leurs troupeaux et portant des guirlandes autour de leur houlette. Puis un vénérable prêtre rustique, en robe blanche, traversa doucement la vallée, suivi d’un chœur d’enfants radieux. La scène était admirablement régie et rien n’était plus varié et harmonieux, que ce groupe arcadien. Le service était habile et simple, mais il y avait suffisamment de rituel pour donner au corps de ballet l’occasion de montrer sa délicate adresse. La danse des satyres obtint un succès énorme et lorsque le prêtre leva les mains pour