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SOUS LA COLLINE
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dirent l’esprit décolleté d’une conversation étonnante et des rires énormes.

À mesure que le festin avança, la conversation devint bruyante et plus intime. Pulex et Cyril, et Marisca et Cathelin ouvrirent un feu de railleries, et mille folies d’amour du jour furent discutées.

Les voix qui avaient été âpres, glapissantes et criardes, s’affaiblirent et devinrent inarticulées. Des mauvaises sentences étaient complétées par des gestes encore pires, et à une des tables Scabius s’exprima comme le fameux vieux soldat dans la première partie de “ The Soldier’s Fortune ” d’Otway. Bassalissa et Lysistrata essayaient, cha­cune à son tour, de prononcer le nom de l’autre, et devinrent très affectueuses dans cet effort ; et Tala, le tragédien, largement drapé de pourpre, portant panache et cothurnes, se leva et se mit à réciter un de ses rôles favoris, en gesticulant péniblement. Il n’alla pas plus loin que le premier vers, mais il le répéta sans cesse, chaque fois avec un autre accent et une autre intonation, et il ne put être apaisé que par l’arrivée des asperges que servaient des satyres habillés de blanc.