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ANTÉE

Les bouches du dragon et des amours, les yeux des cygnes, les seins des colombes, les cornes et les lèvres des satyres lançaient avec profusion l’eau qui jouait sur les masques et les boucles des enfants, dessinant d’étranges arabesques et des figures subtiles.

La terrasse était entièrement éclairée par des chandelles. Il y en avait quatre mille sans compter celles qui se trouvaient sur les tables. Sur les chandeliers d’un variété incroyable souriaient des reliefs équivoques. D’aucuns atteignaient une hauteur de vingt pieds et portaient une seule chandelle qui illuminait la fête comme une torche odorante et larmoyait jusqu’à ce que la cire se dressât en longues lances à la base. D’autres avaient des robes délicates de cristaux éclatants et portaient une nuée de chandelles divisées en cercles, en pyramides, en carrés, en angles, en lignes régimentaires et en croissants.

Puis, des piédestaux bizarres, des termes et de gracieux pilastres de tout genre soutenaient des vases, en forme de conques, remplis de fruits extraordinaires et de fleurs qui débordaient et ne pouvaient être maintenues. Les orangers et les myrtes, attachés à leurs échalas par des rubans vermillon, se tenaient en de frêles pots de porce-