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ANTÉE

sa maîtresse avait ce ton charmant qui sied à de vieux amis, cette entente parfaite qui donne à des bouts de phrase leur plein sens et une pointe à la moindre allusion. Naturellement on discuta un peu Fanfreluche, le nouvel arrivé. Hélène ne l’avait pas encore vu et elle fit, avec un à-propos délicieux, une foule de questions sur son compte. Le rapport et la coiffure finissaient au même instant.

“Cosmé”, dit Hélène, tu as été vraiment exquis et brillant, tu t’es surpassé ce soir. ”

“Madame me flatte” , répondit l’antiquaille, en étouffant un rire de jeune fille sous son masque de satin noir. “ Pardi, Madame, il y a des fois où je crois n’avoir aucun talent, mais ce soir je dois avouer ma petite vanité. ”

Je serais horriblement peiné de devoir vous raconter comment on peignit sa figure ; apprenez seulement que la pénible besogne fut accomplie, de plein gré, magnifiquement et sans une ombre de déception.

Hélène laissa choir sa robe de chambre et se dressa devant le miroir, agitant cent choses frissonnantes. Elle était adorablement gracile et svelte. Son cou et ses épaules étaient merveilleusement dessinés et les petits seins malicieux étaient gon-