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SOUS LA COLLINE
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grands pas et s’assit à côté de la table de toilette en saluant familièrement Hélène. Elle portait une robe de soie moirée blanche, garnie de dentelles d’or, et un tour de cou en velours faux vermillon. Ses cheveux descendaient en bandeaux sur ses oreilles et passaient en un énorme chignon derrière la tête, et son chapeau à larges bords, d’où tombait une moustiquaire de mousseline rosée, avait des roses rouges.

La voix de Madame Marsuple était lascive et pleine d’onction ; ses mains avaient de petits gestes terribles ; elle avait d’étranges mouvements dans les épaules, une respiration brève qui produisait des plis surprenants dans son corsage ; une peau altérée, de grands yeux pareils à de la corne, un nez de perroquet, une petite bouche défaite, de grandes joues flasques et un double menton. Elle était une sage personne ; Hélène l’aimait plus que n’importe quel autre de ses serviteurs et elle l’appelait de cent noms favoris, tels que Cher Crapaud, Joli Jacquot, Coq Robin, Grosse Lippe, Pierre de touche, Petit Caramel, Bijou, Bouton, Cher Cœur, Dickdock, Madame Virile, Petite Pince, Cochon de lait, Méchante, Objet sacré et Trompette. La conver­sation qui s’engagea entre Madame Marsuple et