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SOUS LA COLLINE
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que l’on ne trouverait pas dans Mentzelius. D’énormes phalènes, si richement ailées qu’elles avaient dû festiner sur des tapisseries et des étoffes royales, dormaient sur les piliers qui se dressaient des deux côtés de la porte-cochère, et les yeux de toutes les phalènes, grands ouverts, dardaient mille feux où éclatait un réseau de veines. Les piliers étaient sculptés dans une pierre pâle et s’élevaient comme des hymnes en l’honneur du plaisir, car du chapiteau à la base, chacun d’eux était couvert de sculptures érotiques dénotant une si savante invention et une expérience si curieuse, que Fanfreluche s’attarda longtemps à les passer en revue. Elles surpassaient tout ce qui est jamais sorti des maisons vertes du Japon, tout ce qui fut jamais peint dans les fraîches salles de bains du Cardinal La Motte, et elles étaient même supérieures aux illustrations étonnantes des “ Nursery Numbers ” de Jones.

“ Un charmant portail ”, murmura l’Abbé, en rajustant sa ceinture.

À ces mots, les faibles sons d’un chant sour­dirent de la montagne, musique délicate, aussi étrange et lointaine que les légendes marines que l’on entend dans les conques.

“ Les Vêpres d’Hélène, je suppose ”, dit