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SAINT GEORGES DE BOUHÉLIER
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pour dire que cette Tragédie du nouveau Christ est d’une conception grandiose, mais reste disparate et un peu incohérente. C’est du lyrisme naturaliste. Est-ce vraiment du naturisme ?

Romancier du moins Saint Georges de Bouhélier oublie le naturisme complètement. Il a beaucoup lu Zola. Il est psychologue par surcroît. Il n’imite rien ni personne. Mais tous les romanciers proches de nous vivent confusément dans sa mémoire. Il imagine rapidement. Il écrit vite. Il n’est pas jusqu’ici fort original...

Œuvres de toutes sortes composées avec une incertitude véhémente, elles ne portent guère témoignage de ce que tout le naturisme donnera à la littérature... Mais quels dons variés chez cet écrivain que trop d’exaltation emporte ! Désormais il lui est loisible de se maîtriser. Ses qualités s’affirmeront, étant disciplinées. Avoir à trente ans prodigué tant d’ouvrages si différents, jeté parmi la jeunesse une doctrine où sont sans aucun doute exprimées quelques unes des aspirations contemporaines, cela n’est point d’un esprit banal ni d’une imagination médiocre. Et maintenant Saint Georges de Bouhélier jugera-t-il qu’il n’est pas trop tard pour faire prospérer le naturisme ? Il est seul pour cette tâche car les disciples de jadis ont cédé aux