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ANTÉE

du XIXe siècle. La vie véritable. La réalité animée est envahie de plus en plus par la littérature. Les hommes, tous les hommes en furent les héros. Mais le naturalisme n’avait pas projeté dans la lumière la beauté des héros... Les naturistes se piquaient de continuer les naturalistes en les con­tredisant. Eux vraiment allaient, excités par leur amour sans bornes pour tous les hommes, glorifier, diviniser les hommes dans tous leurs actes les plus humbles comme les plus magnifiques.

Exaltation qui s’alimente d’elle-même parce que les jeunes naturistes se complaisent trop en eux-mêmes ! Et ces prophètes des temps nouveaux bavardent au lieu de renouveler la littérature con­temporaine. Ils développent, développent leurs théories sans les approfondir. Elles demeurent généreuses et superficielles. N’empêche qu’il faut marquer leur date dans l’histoire des derniers mouvements littéraires. L’humanisme venu après le naturisme n’en est qu’une honteuse contrefaçon. Il est d’ailleurs beaucoup plus vide et plus vain que lui. Il ne tire nul profit de l’apport réel du natu­risme. Il n’est qu’une entreprise de publicité faite de compte à demi par Fernand Gregh, le plus pauvres des poètes depuis que la pauvreté et la poésie sont connues, et par Gaston Deschamps, le