Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
508
ΑΝΤÉΕ

lettrés, — comme M. de Spoelberg de Lovenjoul par exemple — en vérité pourquoi pas ?

Des membres associés, étrangers, c’est moins séduisant. Ce serait même absurde, puisque notre académie ne serait qu’une succursale de celle de France. À moins qu’on ne les considérât comme patrons, protecteurs, membres d’honneur.

Mais où M. Valère Gille élargit, en voulant nous rapprocher, le désaccord entre nous, c’est quand il parle de Γutilité honorifique de l’académie en question. Je l’ai dit, ce qui nous chiffonne, ce que nous craignons, c’est le caractère représentatif conféré aux académiciens. Je pense à vous et à moi, M. Gille, avant de penser aux académiciens (à moins que nous ne soyons comme le prétend …l’Éclaireur de Nice… académisables ?) Ces élus ne pourraient que retirer avantages de leur titre, mais nous d’être mal représentés, auprès du public, auprès de l’étranger, ne pâlirions nous pas ? Aujourd’hui, nos Lettres, c’est évident, sont peu honorées, parce que nos écrivains ne forment pas une troupe disciplinée, ne se présentent pas en corps au public. Si, littérature nationale, nous allions à lui, en bon ordre, précédés d’un cartel : Littérature belge, il est certain que nous forcerions plus aisément son attention, que nous en imposerions au gouvernement et que, lecteurs ou faveurs, chacun de nous obtiendrait ce qu’il désire. Mais vous admettrez que sans mériter les épithètes de sauvage, ou d’orgueilleux, ou d’original, ou d’empêcheur-de-danser-en-rond, quelques-uns craignent de fâcheuses assimilations ou subordinations.

Que nous nommions l’organisme en question commission ou académie, peu importe, nous sommes d’accord — oui certainement — vous et moi, pour ne souhaiter qu’on nous l’accorde que s’il honore les lettres autant que par lui les lettres seraient honorées. Et voilà ce qu’il me paraît audacieux d’espérer.