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JOURNAL DES LIVRES
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LA MAITRESSE AMÉRICAINE par Eugène Montfort. (Bruges, Herbert.)

M. Eugène Montfort aime tout ce qui est à la fois passionné, gracieux et agréable. Et ce conteur, qui est peut-être, avec M. Pierre Louys, le plus charmant que nous possédions, ce conteur dont l’esprit, les sujets et la langue sont on ne peut plus d’aujourd’hui, s’apparente délicieusement au dix-huitième siècle. Il y a des choses graves, pro­fondes, d’émouvantes inquiétudes dans ses livres, mais toutes prennent l’aspect léger, toutes sont agréables comme le siècle de Watteau et de Choderlos de Laclos. L’important, pour un écri­vain, comme pour une femme (M. Montfort est une jolie femme) est de réaliser sa beauté. Dans Le Chalet dans la Montagne, dans La Maîtresse Américaine, M. Montfort se réalise parfaitement. (Ces deux romans ne nous font toutefois pas oublier les admirables paysages gris de Chausey). Il s’offre à nous une grâce originale, fine et douce, infini­ment délicate, qui fait sourire et pleurer. Il y a des auteurs qui s’imposent à nous, qui nous violentent, il y en a que nous admirons malgré qu’ils nous rebutent, celui-ci nous tente et nous séduit comme un plaisir, on peut dire à proprement parler qu’il nous ravit, — jolie femme ! Jolie Française vive