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ΑΝΤÉΕ

découvertes…” Et parmi les Belges, des politiciens, des universitaires, fils ou admirateurs des universités allemandes, s’offrent innocemment comme ses néfastes auxiliaires. Or entre les deux génies il n’y a pas moyen, pour un Belge, de ne pas choisir. Nous admirons des artistes et des savants d’outre-Rhin, nous savons qu’il y a par delà Herbesthal autant d’honnêtes gens que par delà Quiévrain, mais nous prévoyons aussi jusqu’où nous entraîne­rait la sympathie pour ce nord prussien. C’est dans l’autre camp que sont nos espérances avec celles de toute l’humanité, et notre esprit est français.

Dans cette Belgique, notre maison, nous nous trouvons bien, nous n’avons pas envie d’en démé­nager, nous n’aimerions pas céder la place à des hôtes devenus encombrants, exigeants… Et vous verrez, dans l’excellente étude de M. Grojean, combien de chambres déjà l’Allemand a accaparées.

Mais l’envahissement intellectuel nous serait plus désagréable. M. Grojean a bien raison, parmi le concert des prêcheurs germanophiles, de pousser, en bon ami de la pensée française — qui, heureu­sement, règne en Belgique, en Belgique wallonne du moins — un cri d’alarme.