Petit traité clair, abondamment fourni d’exemples intéressants, utile et courageux. On ne cesse d’appeler la Belgique un carrefour. Toutes les influences du monde y aboutissent, mais la française et la germanique y déferlent le plus puissamment et s’y rencontrent. Laquelle vaincra l’autre ? Qu’en savons-nous ? Il est des gens pour prétendre que Charbonnier est maître chez lui, et qu’il faut qu’il le demeure, que le génie latin, que les génies du nord sont encore arrêtés par nos frontières. Ceux là nient, en même temps que les bienfaits de la France, à qui nous devons nos libertés et notre langue, la lente mais sure, pratique, pénétration de l’Allemagne. Les benêts ! Ils dorment confiamment, ils se réveilleront coiffés du casque à pointe. Qu’ils lisent la brochure de M. Grojean. Ils y verront, cueillies dans les auteurs allemands de toutes sortes, les prétentions allemandes. Il leur sera montré du doigt les campements des envahisseurs sur le sol belge même. À Anvers, à Bruxelles, dans toute la province de Liège, l’allemand s’avance caché sous le bouclier du négoce ou de la banque. Il y a pis. Il pense à disputer aujourd’hui à la France l’influence intellectuelle sur ce pays. Il dit prétentieusement, comme un parvenu frappant sur son coffre-fort : “ Mes universités, mes méthodes, mes