Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/502

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
488
ΑΝTÉE

“ Hélas, j’ai connu des nobles qui perdirent leur
“ plus haut espoir. Et dès lors ils calomnièrent
“ tous les hauts espoirs. — Dès lors ils vécurent,
“ effrontés, en de courts désirs, et à peine se sont-
“ ils tracé un but d’un jour à l’autre — L’esprit
“ aussi est une volupté ” — ainsi disaient-ils.

Alors leur esprit s’est brisé les ailes : maintenant il ne fait plus que ramper et il souille tout ce qu’il dévore. — Jadis ils songeaient à devenir des héros : maintenant ils ne sont plus que des jouisseurs. ”

Faut-il dire comment cela est sorti de la littérature ? Faut-il parler de Paul Adam ? de Kipling ? de Carneggie ? du napoléonisme et de l’américanisme ? des vulgarisateurs en colonnes ?

Je connais un jeune homme renfrogné, qui dit : “ Chacun pour soi. C’est la lutte. Je marcherais sans hésiter sur l’homme qui se mettrait dans mon chemin. ” Voilà. C’est avec cette volonté inflexible que l'on devient empereur. Or ce bon jeune homme est employé dans une grande administra­tion, et il n’a jamais pensé un instant que l’on puisse en sortir. Si tout lui réussit, il deviendra chef de bureau. Il gagne trois mille francs, il en