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LE ROMANTISME NIETZSCHÉEN.
À Henri Vandeputte.


La vie est ainsi : cent lieues séparent des hommes, cent lieues que l'on franchit en cinq heures, et ils ne se verront jamais. Cependant votre pensée amicale nous arrive chaque mois — Et comment ne vous aimerions-nous pas, lorsque vous venez vers nous, vers notre âme française, lorsque vous dites que votre foi est la nôtre, que votre beauté est notre beauté ?

“ Dieu à Paris ” avez-vous dit. Hélas ! Ici non plus qu’ailleurs Dieu ne nous révèle sa face ; et c’est dans la grandeur du travail humain, dans l’œuvre accumulée des siècles, que nous devons la chercher et la reconnaître. Pourtant nous percevons peut-être plus fréquemment, plus vivement, l’enthousiasme ou folie divine. Bien que chan­geante, cette folie est éternelle ; chaque génération d’hommes a son enthousiasme, et ce dieu intérieur est l’image incomplète, naïve et éphémère du Dieu qu’ils pressentent et désirent....