Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/494

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
480
ANTÉE

encore lu, et jamais pourtant, il n’a pas caché son mépris pour ce public qui, avant qu’il n’ait atteint la cinquantaine, jamais ne le lut et jamais ne le loua. Jusque tout récemment, Thomas Hardy fut considéré comme un romancier populaire, rarement comme un homme de lettres. Walter Pater, durant toute sa vie, vit seulement trois de ses ouvrages arriver à la seconde édition, et quand il mourut, sa mort elle même ne fut point mentionnée dans les journaux qui avaient consacré des colonnes entières à Robert Louis Stevenson. À présent, il est tacitement accepté comme un classique, et Stevenson, peu à peu le remplace comme le plus séduisant des conteurs pour jeunes gens. Tout cela se produit parce que de rares intellectuels ont vu la vérité dès le début, et la répétant à un peu plus d ’autres intellectuels, amenèrent le public à croire ce qu’il entendait souvent répéter. À présent, ce même public con­tinue à croire que la seule différence entre Mrs Humphrey Ward et M. Joseph Conrad est que l’une est plus facile à lire que l’autre. Écrivant ceci, j’apprends la mort soudaine d’une brillante femme de lettres, qui écrivit sous le pseudonyme de John Olivier Hobbes. Elle fut habile et ambitieuse, et elle lutta en vain contre les caprices