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DIEU À LONDRES
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représentée à bureaux fermés, deux fois, la der­nière par une société qui a pour but de représenter avec simplicité de belles choses, anciennes et nou­velles. Et nous eûmes un homme qui possédait le génie de la mise en scène, un homme qui renouvela la scène par une décoration toute irréelle et uniquement suggestive : le fils d’Ellen Terry, Gordon Craig. Mais n’ayant réussi à persuader ni directeurs, ni publics qu’il était le maître, et le seul maître de la fête, il nous quitta pour l’Alle­magne, où, probablement, il sera mieux compris.

Toujours cet effort pour ramener la poésie à la scène a fait faillite, et il a comme ennemi naturel le plus brillant de nos dramaturges, M. Shaw. M. Shaw est du côté de la science, de la nouvelle moralité et de tous les progrès. Il représente avec plus d’esprit et d’indépendance que n’importe quel autre, et avec plus de puissance destructive, l’âge de la prose que certains d’entre nous croient condamné. Tout ce qu’il y a de plus naturel dans son talent lui est un obstacle plutôt qu’une aide à tout effort imaginatif. De l’autre côté, du côté de l’art, on arrive à faire triompher un autre irlandais, Oscar Wilde, et c’est de sa seule pièce sérieuse, qu’une nouvelle société “ dramatique et littéraire ” fait son argument principal. Nul ne fut plus que