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ANTÉE

ment dramatique bien caractéristique de la vitalité des lettres dans l’Angleterre actuelle ; et il possède un acteur qui est un grand comique, et un autre qui est le seul homme aujourd’hui capable de dire les vers sur la scène anglaise.

Ces artistes amenèrent leurs pièces à Londres, et il n’y eut pas trois critiques londoniens qui prirent la peine d’aller les entendre. On jouait une nouvelle farce ou une nouvelle opérette à l’un des grands théâtres, et l’on ne pouvait gaspiller ses critiques en les envoyant voir une pièce de M. Yeats ou de M. Synge, leur jeu spirituel et poétique, alors que le public lui-même était à la farce ou à l’opérette.

Il est vrai que de ci de là, les gens commencent à se souvenir que la poésie existe, et que la scène en est le temple. Depuis quelque temps, M. Philipp Carr a donné, sous le couvert d’une vague Mermaid Society qui n’a jamais réellement existé, des “ représentations extraordinaires ” de pièces élisabethéennes, chef-d’œuvres oubliés. Il fut sans cesse sur le point de faire faillite, parce qu’il ne parvint pas à attirer à ses représentations plus d’une poignée de gens. D’autres essais furent tentés ; on joua dernièrement la Révolte de Villiers de l’Isle Adam, et la Salomé d’Oscar Wilde fut