Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA TÉNÉBREUSE
43

avaient tôt fait de l’interrompre. En sursaut, alors, il se ressaisissait, et tout étourdi : “ Ceci, repre­nait-il au hasard, c’est la Promenade... Elle conduit au Casino et au Bois qui sont là-bas, derrière les arbres... Il fait encore un peu désert à cette heure... Vous verrez tantôt... Après avoir pris les eaux, tout le monde se réunit ici.. ”

Mais comme ils débouchaient d’une allée, soudain il demeura coi à l’aspect d’une grosse dame en robe verte qui, en l’apercevant, n’avait pu retenir une exclamation et d’un geste indigné, le désignait maintenant au jeune homme assis auprès d’elle. Daquin s’était arrêté. Une pâleur livide subitement avait envahi ses joues. Indécis, immobile, un instant, il parut près de rebrousser chemin. Cadichon et Boboli, toutefois, continuant d’avancer, il lui fallut bien en prendre son parti : tête basse, les jambes molles, sans même chercher à se faire une contenance, il se remit à marcher entre les jeunes femmes qui le dévisageaient curieusement et ne comprenaient pas.

Quelques instances dont elles le pressassent, il fut une minute ensuite à se trouver en état de répondre à leurs interrogations. “ Ce n’est rien, ne faites pas attention !.. ” finit-il par balbutier, “ C’est la Colonelle, et son frère Philippe... Nous