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DIEU À LONDRES
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restera à jamais l’irlandais épris de la France. Nous avons M. George Bernard Shaw, qui a raillé le public anglais si sérieusement, que celui-ci com­mence à l’accepter comme son bouffon attitré, sans comprendre le moins du monde ce qu’il veut dire. Nous avons en M. Max Beerbohm un élégant massacreur, dont les flèches lancées au hasard ne manquent jamais le but. Pourtant, de toutes ces énergies, il n’y en a pas deux qui agissent dans la même direction ou visent les mêmes buts ; elles sont rarement conscientes de leurs existences respectives, et si l’une d’elles devait caractériser une époque, toutes les autres deviendraient excep­tions.

J’ai nommé Maeterlinck ; il est un de nos écrivains favoris ; il a probablement plus de lecteurs dans notre pays que dans le sien, mais il y est lu, non joué ; exception faite pour les rares tentatives de l’actrice anglaise la plus capable de l’interpréter : Me Patrick Campbell. Ici, une pièce de théâtre pour être populaire ou même pour être jouée, doit être indemne de littérature ; à moins que comme M. Barrie on nous donne des contes de fées pour enfants, ou comme M. Shaw, des contes de fées pour grandes personnes qui se piquent d’émancipation. Il y a en Irlande un petit mouve-