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L’ART ET LE PUBLIC ANGLAIS.



La nature, nous dit on, travaille selon le principe des compensations ; et, en Angleterre, où. nous eûmes toujours peu de grands hommes dans la plupart des arts, et un niveau général désespérément incompréhensif, il me semble découvrir un exemple éclatant de compensations. Le public, en Angleterre, me parait être le moins artistique et le moins libre du monde ; mais peut être cela me parait-il parce que je suis anglais et que je connais ce public mieux que tout autre.

D’autre part, comme si c’était pour rehausser ce niveau général inférieur, nous eûmes, à intervalles, un génie comme Coleridge ou Turner, génie plus rare et plus profondément imaginatif peut être que ceux de toute autre nation. Qu’est ce qui provoque cette chose unique, Coleridge ou Turner ? Les vastes masses du public sont elles autre chose que les ingrédients enchantés d’un brassin magique dans lequel le sacrifice de milliers d’existences produit une seule goutte, mais une