plaisanterie aux chevelures mérovingiennes et aux gilets rouges à la Théophile Gautier. Qu’arriva-t-il ? Il arriva qu’on retourna contre ces jeunes gens, dont je n’excuse pas toutes les audaces littéraires, leur correction et leur entente de la vie ; ils devinrent des hypocrites, des cabotins. Mallarmé parlant comme chacun (mieux que chacun, j’en sais quelque chose) et écrivant comme nul, eut sa légende, grotesque ou odieuse ; Verlaine fut un ivrogne seulement, et pire encore. Et, cela dit et concédé, un sourire satisfait, on passait dans le monde à d’autres thèmes de conversation.
Les critiques eurent, sauf M. Brunetière, cette attitude pitoyable. Il serait puéril de s’en indigner. Les raisons connues de paresse intellectuelle et de traditionnalisme invétéré (I) suffisent, pour détestables qu’elles soient, à les innocenter devant notre scepticisme. Est-ce que le divin, l’unique Sainte-Beuve n’a pas connu les mêmes apeurements — d’instinct, sinon de parti-pris — que Gustave Planche ou Désiré Nisard ? Quoiqu’il corrigeât
(I) Raisons éternelles et universelles. En France il faut compter encore avec la peur du ridicule, si nationale, et avec le sens de la mesure, non moins national, et qui, dès le XIe siècle, est inscrit dans le premier chef-d’œuvre épique. Car si Roland périt à Roncevaux et entraîne ses pairs avec lui, c’est parce qu’il a usé de démesure !
