à Madame de Sévigné le dépit d’une chose inconnue et déplaisante. C’est ce dépit qu’elle a traduit par la phrase historique : “ Racine fait des comédies pour la Champmêlé...” Et, plus tard encore, que n’a-t-on dit de la phrase brisée de La Bruyère et de son observation impitoyable, succédant à la période cicéronienne et aux critiques de mœurs toutes générales des sermonnaires ? C’est la loi de nature, l’éternel recommencement des mêmes grimaces, apeurées ou dégoûtées, devant l’effort des nouveau-venus ; chaque génération est nécessairement marâtre pour celle qui lui succédera.
Fort bien, dira-t-on, et le grief d’irréalisme formulé contre les symbolistes pouvait se concevoir sur les lèvres ignorantes. Mais cette grosse méprise était moins prévue chez les guides patentés de l’opinion littéraire ! Ceux-ci connaissaient, pour la plupart, la personne des symbolistes ; ils les rencontraient au théâtre et dans les salons ; ils pouvaient de visu constater que ces farouches novateurs étaient des gens bien portants, bien vêtus, bien élevés, d’une élégante discrétion de langage, d’un discernement intact, souvent d’occupations très réalistes, très considérables, exigeant des aptitudes de technicien. Bref il ne pouvait s’agir de railler des fantoches, des bohèmes et, non plus, d’accrocher la