Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/470

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
456
ANTÉE

tique, sont familières à nos historiens des lettres. Un auteur peut avoir deux, trois, même quatre manières. Mais on sait que ces mues périodiques ne sont que des mues, le fonds et le tréfonds perdu­rant, et que souvent, à bien scruter, ces nouveautés déconcertantes, où s’accuse une nouvelle “manière” , ne constituent que des retours inconscients, des réveils de sensibilité, des réminiscences, qui o n t la fraîcheur d’une aube. Qu’on étudie de plus près la chronologie réelle et sincère des poésies de Hugo, et on trouvera, dans son extrême maturité de production, des fleurettes à la senteur prin­tanière et jusqu’à des ingénuités, dignes des primes ballades ! (I)

Ces significations de décès ne valent donc que par l’impertinence de ceux que gêne toujours une innovation. Mais les griefs, s’adressant au passé des symbolistes, sont-ils, du moins, plus pertinents ? M. Robert de Souza met beaucoup de conscience à les cordonner et à les exposer, avant d’en entre­ prendre la réfutation. On ne sera pas surpris qu’il se donne la satisfaction du triomphe. Son livre nous rappelait par instants les manœuvres


(I) Et plus haut faut-il alléguer Racine, écrivant Esther et quelques-uns des choeurs à d'Athalie, où il retrouve sa juvénilité passionnée et les grâces si chastes dont il avait paré Monime et Iphigénie?