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L’ACCIDENT
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cette rue. Un coup de corne l’avertit de se déra­ciner. L’ouragan fonce comme il réfléchit sur le chemin à prendre. Tel un jeune pavot fauché sur sa tige pleine de sève, sa tête se fane dans la mare de son sang.

L’automobile était passée...

On la vit fuir. Elle ne rougissait déjà plus les pavés, mais elle montrait encore deux pneumatiques de rechange, accrochés derrière, qui ressem­blaient à des bouées de sauvetage — et qui étaient certainement les carcasses des couronnes que le chauffeur n’eut pas le temps de déposer sur le mort.

Legrand-Chabrier.