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Pour y trouver la vie entière à son image.
Sa taille est haute. On voit sur son front taciturne
Le stigmate obstiné de qui naît sous Saturne
Et dans ses yeux félins où dansent des feux verts
Va fuir le vol aigu d’un perplexe univers.
Jamais il ne s’ennuie et jamais il n’hésite
Car tout est bon à vivre et vivre est sans limite.
Au dehors on entend glisser dans la chaleur
L’après-midi d’été dont la plane torpeur
Sursaute en aigres voix ou tonne aux attelages
Déchargeant les pavés d’un fracassant orage.
Il sourit devinant le désastre prochain.
Tout joyeux il se lève, il étend les deux mains
Les voulant à tel point de ses désirs sujettes
Qu’à forcer un éclair au gîte il les croit prêtes.

Prosper Roidot