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POÉSIE.


 
Venez, le jour est triste au jardin défleuri.
C’est l’automne défunte et la morte saison.
Il nous faut rentrer vite à la vieille maison.
Le vent du nord tourne par dessus la prairie.
 
Venez, le jour est triste à la chambre ancienne
Où nous sommes entrés, et les miroirs émus
Attendent vainement que quelque ami revienne
Au pâle enchantement de leur silence nu.
 
Venez, le canapé semble étendu par terre
Et les sièges sont morts de ne bouger jamais
Et lorsqu’on va silencieux à la croisée,
On voit mortes dehors les roses du parterre.
 
Un jour aussi tous deux nous mourrons incertains
D’avoir vécu, incertains même de l’année,
Et de la chambre, et du présent décoloré,
Du printemps blond comme de l’automne déteint.

Henri Gadon.