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LE ROSEAU DE PROMETHÉE
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imaginons assez semblables aux vases de Salviati avec leurs teintes brouillées, leurs cabochons et leurs iris, jouant dans la pâte même du verre. Il raconte aussi, le crédule Pline, cette fable d’une mixture qui donnait un verre malléable : la fabrique en fut détruite pour obvier à la dépréciation de l’argent, du cuivre et de l’or. Pétrone a donné l’hospitalité à ces historiettes ; mais son ironie les place dans la bouche de Trimalcion, le ridicule parvenu :

« Il y eut pourtant un ouvrier qui fabriqua une
« fiole de verre laquelle ne se cassait point. Il fut
« admis à en faire hommage à Cæsar. Après quoi,
« l’ayant reprise des mains de l’Empereur, il la
« lança sur le pavé. Le prince effrayé comme on
« ne peut l’être d’avantage, l’ouvrier ramasse sa
« fiole. Elle était bossuée tout comme un vase
« d’airain. Cet homme alors tire un petit marteau
« de sa ceinture et tranquillement et fort joliment
« remet la fiole en état. Cela fait il pensait déjà
« tenir Jupiter par les pieds, surtout quand l’Empereur
« lui demanda : — Quelqu’autre que toi
« a-t-il le secret de cette composition ? Pèse bien
« ta réponse.
« Sur sa négative, Cæsar lui fit trancher
« la tête ; car ce secret eut été connu, on ne