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ANTÉE

labeur préparaient, depuis si longtemps la coulée du métal, saisit le câble du four électrique et meurt sur les ruines de ce qui fut sa royauté.

La guerre contre les éléments est, pareille à l’autre guerre, intentée désormais par des hommes chétifs, assis dans un laboratoire, actionnant d’un geste doux le clavier qui lance la foudre, la chaleur et la lumière, les instruments délicats et formi­dables dont la moindre vibration peut, comme le clin d’œil de Siva, réduire les mondes en poudre.

L’exposition des Arts du feu ne montre pas ces exemples épiques. De la forge elle n’a pris que le plus élégant, l’officine du verrier. On y voit les grès vernis, les poteries à teintes métalliques, les faïences du golfe Juan et même ces joujoux en verre filé qui délectèrent nos enfances : bateaux, candélabres, canards flottant dans des barques d’argent, tels que le cygne de Lohengrin.

L’art du verre stupéfiait les Romains. Pline lui a consacré quelques-unes de ses plus invraisemblables légendes. Il apprend à ses lecteurs que le verre fondu avec le soufre durcit en pierre. Il commente la beauté des vases murrhins que nous