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LE ROSEAU DE PROMETHÉE
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colliers, en épées, en boucliers. Chez les Sémites, le noir Tubal apprend aux nomades la fonte du minerai, l’art du bronze et du fer plus précieux que l’or. Tous ces grands ouvriers ne manquent pas d’émouvoir la colère des Dieux. Les Dieux, en effet, sont les forces de l’Univers, que le feu permet de réduire en esclavage. Héphestos est précipité de l’Olympe, Prométhée enchaîné au Caucase, Tubal est le fils de Caïn !

Depuis longtemps, les arts du feu ont conquis le monde. L’étincelle que Prométhée a dérobée au foyer du tonnerre et portée ici-bas dans le creux d’un roseau a, du Nord au Midi, allumé les forges, donné le branle au travail formidable qui, de jour en jour, recrée et rend hospitalière la surface du monde.

Le feu, sous sa forme la plus subtile, a conquis l’univers. L’électricité, chevauchée par l’homme, ouvre à son effort le champ des espérances infinies. Tous les miracles des anciens thaumaturges vont se réaliser pour les siècles à venir, le tonnerre dompté s’est fait leur serviteur.

Zola donne une symbole infiniment représentatif de ces conquêtes dans Travail, lorsque le forgeron, dépossédé par la fée omnipotente des hauts fourneaux où sa volonté, son courage et son