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LE ROSEAU DE PROMETHÉE
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nécessaire pour entrer en rêverie et contempler les images évoquées par le flamboiement de ces quatre mots ? Les grès flammés que tache comme une sanie de pierres précieuses la vitrification des laves ; les verres de Venise épanouis en corolles, tordus en monstres héraldiques, tantôt laiteux comme des opales, tantôt poudrés d’or comme un soleil couchant ; les émaux, les biscuits, les majoliques, le coloris des porcelaines, depuis le mauve pâle de Copenhague jusqu’aux pourpres écarlates de Limoges, forment un intermède à peine, dans la gigantesque féerie.

Les organisateurs de l’exposition, s’ils avaient prétendu réaliser leur programme dans son intégralité, eussent figuré l’histoire toute entière du labeur humain et marqué les étapes que les sociétés ont parcourues, depuis l’âge quaternaire jusqu’au siècle d’Edison.

La conquête du feu appartient à l’homme plus exclusivement que le langage articulé. Sous l’influence de la peur, de l’amour ou de la faim, les animaux profèrent des sons, modulent des cris dont un peu d’attention ou d’habitude permet de reconnaître l’origine et les motifs. Mais pas un animal, si frileux qu’il puisse être et quelle que l’on suppose sa domestication, — le chat, par