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Lui font-ils défaut, dans cette vie manquée tout manque. Le tremblement de terre n’engloutit pas Herculanum la riche ni la vive Pompéies ; un vent de pluie putride écorche et bafoue un temple inachevé, une bâtisse non finie ; et ruinant des ruines il laisse sous le ciel des poutres honteuses, des pierres humiliées.

L’homme se voit soudain errant au crépuscule, dans le labyrinthe de l’ennui, moisi de ses propres larmes, cousu aux rides d’une destinée lépreuse. De dégoût il titube ; il donne de la tête contre les murs de la vie, ce dédale crépi par la mort ; et tâtant l’inconcevable horreur de ces murailles, il cherche en la craignant, il cherche l’issue dans les ténèbres où vacillent, seul guide, les torches san­glantes de l’Inespoir.

TENEO TE, AFRICA !

Le poète tragique est le prince des ambitieux. Il veut créer des héros et des hommes immortels comme des dieux.

Le prince des poètes n’envie qu’une fois par jour le prince des hommes : c’est le matin, à son lever, quand il prend la plume et qu’au lieu de cette arme silencieuse, il voudrait manier l’épée.