Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IDOLES ---- IMAGES
429

était son seul péché. Elle avait le sourire de la douleur inexprimable ; car le sourire fait l’accord entre toutes les souffrances, et signe sur la bouche des morts les derniers mots de l’agonie. Ses lèvres regardaient son destin. Sans doute, sans doute, elle était trop douloureuse pour crier au secours et trop passionnée pour s’arrêter en route. Mais le cœur la trahit : elle vacilla, la fière victime ; en vain tenta-t-elle la tête en étoile du cran d’or ; elle frémit, tournant sur elle-même ; elle vit l’immense fumée du vertige, l’espace, où l’on brûle au centre, point de feu qui se consume ; elle perdit le lieu béni de l’équilibre ; elle embrassa tout l’abîme et fut l’abîme.

Alors, les six calmes Dames de l’Élévation, ramenant leur manteau nocturne, s’arrêtèrent un moment ; couvrant de deuil leur blanche vêture, et leur coule rabattue plus bas que le menton, elles furent toutes noires. Elles baissaient la tête, en contemplant.

Et un grand soupir passa dans les espaces, qui murmura : Ô altitudo !

CLOUS D’OR

La plus belle indignation est la plus vaine. Elle embrasse le plus d’objets.