Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
428
ANTÉE

sur la lame du firmament, à quoi se tenaient-elles, ces blanches mouches du ciel ? — Et six, elles montaient comme on glisse.

La septième, à leur flanc, hors de la file, s’élevait aussi, ni la dernière, ni en avant, mais seule, un grain perdu, jailli de la dizaine. Elle était la plus jeune de toutes, et peut-être la plus belle. Ses yeux n’étaient point abîmés sous le scel des pau­pières ; mais elle les levait, pleins d’un épouvantable effroi, écrou du pôle qui y contractait quelques larmes sans pareilles, de celles qu’il faut nommer des larmes éternelles. Elle ne cachait pas ses mains, l’épouvantée ! Elle tendait les bras, elle les balançait en frémissant de ne point tâter d’appui ; et sa voix, désespérée comme l’écho d’une solitude où un reste de pluie s’égoutte, murmurait : « Que j’ai peur ! Ô, que j’ai peur, que j’ai peur ! » Et ses pieds, à elle, ne glissaient pas sur l’altitude, d’un élan insensible : ils étaient nus, ils tremblaient ; et tremblants, ils faisaient la basse des dents cris­santes ; ils s’accrochaient à des clous d’or, en forme d’étoiles, qui naissaient sous la plante aussitôt que le pied se posait, et qui n’étaient plus que de fer, quand il les quittait.

Elle s’évertuait ; et, si pure, sa terreur peut-être