Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IDOLES ---- IMAGES
425

sanie depuis la première plaie du premier malade, se repaissent de l’ordure où elles dorment : ils l’appellent volupté, moyennant quoi ils la lèchent avec délice, à fin que rien ne s’en perde. Et quelques-uns qui ont soulevé la litière, qui ont vu de quelle putridité elle est faite, n’ont de salut qu’à y mettre le feu et à rester nus entre quatre murs, dans la chambre vide.

Prendre son parti de l’excrément, passe encore, puisque c’est la condition de l’homme : mais l’aimer ? — Si parée qu’elle soit, la volupté couche un ventre de truie dans l’auge de la satisfaction.

— Vous ne voulez pas me laisser de repos. Vous êtes les puces de mon grabat, puces d’idées, taons de conseils, mouches de reproches.

— Tu es trop dur en ce que tu dis et trop brûlant en ce que tu penses.

— Ô pensées, il vous faut avoir la maigreur souveraine des épées, et trancher dans les profon­deurs de la nature.

Qu’importe s’ils se croient des hommes ? — Faites-les moi craquer sur l’ongle : certes, ils ne rendent pas un son éternel.