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ANTÉE

plus ardente, ou si suprême à la vie ? — N’est-ce pas là un grand signe ?

LA JOIE, ENCORE LA JOIE

Il est si dur d’avoir perdu sa chère gloire, et l’horizon matinal de la vie. On vieillit de cent ans en un jour, — le premier où l’on compte les heures.

Dies irae, dies ilia, — le jour où l’homme est un sablier qui se vide de lui-même, où le sang chaud de la vie, coulant dans le gouffre intérieur, tombe à jamais plus bas que les genoux, plus bas que la terre.

La joie, le sourire du cœur au sourire du ciel.

La joie, le sourire de l’homme au regard de la lumière. La joie, l’aube de l’âme qui se lève au lever du soleil. La joie, à l’appel de l’aurore, le cri d’amour, le cri de la prière exaucée qui chante :

Adsum !

La joie, qui est tout espoir, et dans l’espérance le froment de la promesse tenue, le goût sur les lèvres de l’éternité, la saveur du bienfait attendu dont l’ivresse se renouvelle : La joie.