Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IDOLES ---- IMAGES
419

naire des ouvriers, c’est elle pourtant qui fait le peuple auguste des morts.

J’ai vu un mort sur le chemin.

Le cadavre, couché sur le ventre, mesure son espace.

Douleur, tant de place pour ce qui va être, et si peu pour ce qui fut.

Mais enfin, il y a le ciel de juin sur les feuilles blondes, quand ces abeilles au sommeil d’or, immobiles ruches de l’arbre, sont ivres de soleil, sur l’air de lin.

IDOLES

La Joie.

Ô folie de croire que le chant de la joie résonne volontiers dans le cœur de tous les hommes et sonne joyeusement en effet aux oreilles humaines.

Dans les Alpes de la tristesse, la joie est un sommet. Les plaines de la grandeur sont déjà des montagnes.

La Joie.

Qui a jamais donné une telle importance, ou