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de joie qui tremble au soleil : car là-haut, il y a toujours comme un souffle d’amour.

Salut à la plus haute feuille dans le bleu.

Comme au lendemain de la moisson, tandis qu’on bat le blé, la myriade des oiseaux tombe sur la pièce rase et, bruissant des ailes, ils piquent le grain oublié dans les éteules, ainsi quand la mort a passé sur le champ de l’amour, toutes les pensées de la vie se précipitent et frémissent de faim, sous le vent de l’hiver et de l’inanition prochaines, elles cherchent dans l’espace aride un reste de l’aliment qui nourrit.

Rappelle-toi, o ma naïve joie d ’hiver.

Sous les cheveux plats du saule, une sarcelle boitillait : un seul coup, elle a plongé dans la rivière et n’a plus reparu.

Ha, lumière d’avril, à l’heure d’or tardive, vers le soir, après la pluie. Les oiseaux en amour s’égosillent et s’égrènent sans hâte, tombant des branches les uns sur l’ombre bleue des autres, comme les fruits volants de la Pentecôte, de gaies figues qui dansent.

Ci dort celui qui but le doux poison d’amour,