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ANTÉE

M. Renard, dans le même esprit et quoiqu’il essaie de s’en défendre, en arrive, hanté par le souci de démontrer, de flageller, de moraliser à des simplifications psychologiques vraiment puériles. Et ici nous nous rencontrons avec M. Louis Dumont-Wilden lorsqu’il écrit des personnages du roman : “Les uns sont bons, honnêtes, géné­reux, intelligents ; les autres sont ou bien des imbéciles et des dégénérés, ou bien des égoïstes méprisables et sots.”

C’est bien cela. D’un côté, “les êtres de la race forte”, de l’autre “les âmes perverses”. “Autour du père et du fils (Letellier) symbolisant la ruine des races usées, la trinité de Me Algrave, de Germaine et de Jacques resplendissait.”

Ah ! ceux-ci, dès que M. Renard se met à conter leurs antécédents, leur passé de lutte perpétuelle, son style prend le ton des historiettes édifiantes que l’on trouve dans les tracts évangéliques et les manuels de tempérance. Ils sont purs, incorruptibles, infaillibles, magnanimes au point que l’on pourrait dire d’eux ce que Tristan Bernard disait d’un père noble de mélodrame : “Tant de vertu dégoûte”.

Rien n’est plus néfaste, pour un romancier, que de se départir de l ’observation impartiale, de ce