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JOURNAL DES LIVRES
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documents dont il usa, les citant même, et très abondamment, en sorte que les personnes qui aiment connaître les faits de la vie contemporaine autrement que dans leur journal feront bien de se reporter à cet ouvrage, d’ailleurs facile à lire et solidement construit.

Mais je ne le recommanderais pas avec tant de chaleur si je n’y voyais que le travail d’un érudit consciencieux : l’abbé Houtîn, outre que c’est un excellent historien, c’est aussi un bon apôtre, ce qui est rare et mérite nos sympathies. En effet, doucement malicieux, protégé par ses textes, avec en apparence le désir de rester étranger aux débats qu’il raconte, l’abbé Houtin montre les sottises accumulées par l’église romaine, ses con­tradictions, ses flottements, sa terreur invincible de toute raison et science ; et c’est un spectacle qui m’égaye de voir l’adresse avec quoi il démasque les dessous d’une controverse, les motifs d’une condamnation, toutes choses enfin que le peuple accepte comme pain bénit en carême, beafsteck à Pâques, et transsubstantiation chaque matin.

Les critiques élevées par l’abbé Houtin valent d’autant plus que nous avons ici un prêtre, un homme calme, assez indifférent, qui craint le scandale, mais qui écrit ce qu’il pense, sans penser