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ANTÉE

(faut-il que je Favoue ?) je terminerai ce fatras avec une petite histoire.

Le dimanche 5 août, date à jamais mémorable, le citoyen Dujardin-Beaumetz, proconsul des beaux-arts en France (je tâche à parler le langage des démocraties, je crois que j’y arrive) vint à Orange inaugurer un Hôtel des Postes. Même je le rencontrai ceint de municipes, de brillants centurions, de fauteurs de pompes, et autres plébéiens : il me parut un gros homme, avec un air de circonstance recouvrant une bonhomie de père de famille. Il y eût ensuite un banquet auquel je pris soin de ne pas assister, préférant les repas simples et les promenades enfantines à toutes solennités sportives ou autres. Au retour l’on m’apprit un oubli du citoyen ministre, (je le signale ici pour montrer combien mon ami Pie de Rome est bien réellement le seul mortel infaillible) : l’on n’avait pas décoré Mariéton. Vous me direz que c’est sans importance. J’avoue que la légion d’honneur est une de ces distinctions qui ne valent que par celui qui les porte, et qu’un certain philosophe français, nommé Renouvier attendit jusqu’à sa mort le ruban rouge, et que Barrès n’a pas la rouge, et non plus Mme la comtesse de Noailles. Ça ne fait rien, puisque le proconsul était là il